Comme je vous l’avais dit lors de mon avis sur Shin Tokyo, le mois d’octobre est toujour propice aux sorties de titres horrifiques ! Le genre de l'apocalypse zombie demeure une valeur sûre pour passer un excellent Halloween, mais qu’est -ce que ce titre a à nous offrir de plus que nous n’ayons jamais eu dans des titres similaires ?
Salaryman Z est l'œuvre d'un duo d'artistes sortie fin du mois d’octobre 2025 aux éditions Panini. Le manga compte actuellement 5 volumes au Japon et est toujours en cours. Nous retrouvons un duo d’artistes aux manettes, à savoir Number 8 qui est en charge du scénario, et Ten Ishida, qui s'occupe de la partie illustration.
En ce qui concerne Number 8, je n’ai que très peu d’informations le concernant. Il (ou elle) s'est principalement fait connaître avant ce projet en collaborant sur la célèbre série de mangas dédiée au jazz, Blue Giant, où il/elle était "Story Director" et scénariste sur les arcs Blue Giant Supreme, Blue Giant Explorer et Blue Giant Momentum.
Quant à Ten Ishida (dont le nom s'écrit 石田点 en japonais), il a été repéré après avoir remporté une mention honorable à un concours du magazine Morning en 2018. Avant de donner vie au monde apocalyptique de Salaryman Z, il a notamment illustré d'autres séries, dont sa première œuvre majeure,Strange Lessons by Professor Terror (sorti en 2018, scénarisé par Carlo Zen,toujours en cours, mais pas édité chez nous) ainsi que le manga Zomia (sorti en 2022, fini en 4 tomes et non édité chez nous).
L'histoire suit Yûsaku Maeyamada, un employé de bureau (un "salaryman") de 40 ans, qui ne vit que pour son entreprise et est un fervent défenseur des valeurs de la "vieille école" de la culture d'entreprise japonaise. Il croit dur comme fer à la passion du travail acharné et à l'importance pour une entreprise de savoir s'adapter, abreuvant ses collègues de citations de grands patrons japonais à longueur de journée, il donnerait sa vie pour son entreprise.
Son quotidien bien rodé bascule lorsqu'un mystérieux virus commence à transformer la population de Tokyo en zombies. Cependant, là où la plupart des gens verraient une apocalypse et chercheraient à fuir pour survivre, Maeyamada réagit d'une manière totalement inattendue, il applique sa philosophie d'entreprise à cette crise.
Au lieu de paniquer, il considère l'invasion de zombies non pas comme la fin du monde, mais comme une crise commerciale extrême avec l'émergence d'une nouvelle "clientèle" très agressive. Il utilise alors les codes, le langage et les stratégies du management pour organiser la survie de ses collègues. Il met en place un "business plan" pour s'adapter à ce nouvel "environnement de marché" hostile, transformant la lutte contre les morts-vivants en un projet d'entreprise.
Avec un tel pitch de départ, “Salaryman Z" pourrait sembler assez conventionnel, puisqu'il décrit simplement comment une apocalypse zombie vient bouleverser l'existence des vivants. Pourtant, cette description n'est absolument pas représentative de ce qui nous attend dans ce premier tome. En effet, notre protagoniste va radicalement chambouler tous les codes habituels de ce genre d'histoire pour nous orienter dans une direction de plus en plus surprenante. Nous assistons à la naissance d'un mélange redoutablement efficace où la culture d'entreprise devient l'élément central de la survie au sein de cet environnement particulièrement hostile.
Yûsaku Maeyamada est un personnage vraiment très bien construit, parfois un rien caricatural, mais qui arrive à capter toute notre attention, malgré sa mentalité à l’ancienne. Le manga prend même le parti pris de nous faire découvrir les grands noms des industriels qui ont façonné le Japon d’après-guerre. Ce tome 1 introduit également un second personnage, Ryûchi Kiritani, il adopte un style commercial de la nouvelle école et applique des méthodes bien plus modernes. Laquelle des deux écoles tirera son épingle du jeu ? Verrons-nous apparaître un nouveau type de management hybride? Je suis vraiment curieux de lire les prochains tomes.
Le style graphique de Ten Ishida est une pure réussite et un régal pour les yeux ! Le trait est précis et détaillé, les environnements urbains et ceux de bureaux sont très bien retranscrits, le découpage des cases apporte un dynamisme général à l’œuvre où l'on ne s’ennuie jamais ! Les zombies sont somme toute assez classiques, après ce sont des morts-vivants, je ne vois pas trop comment les dessiner autrement. Toujours est-il que l’on ressent bien le danger en leur présence, une scène m’a tout particulièrement marqué, lors d’une transformation ! Il fallait oser et c’est un succès.
L'auteur semble donc vouloir mettre à l'épreuve cette fameuse "culture d'entreprise" qui a permis au Japon de briller à l'international, pour voir comment elle réagirait face à un tel cataclysme. C'est amusant, rafraîchissant et parfois même émouvant à travers le destin de certains personnages. J’ai réellement été happé par cette histoire où l'on est intrigué par la façon dont cet homme parvient à s'acclimater pour assurer la survie de tous ceux qui l'entourent. Surtout, cela soulève de nombreuses thématiques fortes concernant la société, les conditions de travail et la confrontation entre les méthodes de la vieille école et celles d'un monde capitaliste où tout va trop vite.
Salaryman Z n’est pas un énième titre d’invasion zombie, il nous démontre clairement qu'il est encore possible de faire preuve d'originalité sur un sujet ultrareprésenté depuis des années. En tournant la dernière page, on n'a qu'une envie : découvrir la suite !
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