Le mois d’octobre, Halloween oblige, est toujours propice aux sorties de titres plus horrifiques. Et cette année, Mangetsu a décidé de nous plonger dans une atmosphère horrifique avec des sorties aussi malaisantes que sanglantes. Et c’est dans ce contexte que se glisse Shin Tokyo.
L'œuvre, aujourd'hui achevée au Japon en 12 tomes, a été prépubliée sur la plateforme en ligne Shônen Jump+, devenue réellement incontournable et qui a fini par surpasser en notoriété son homologue papier, le magazine Shônen Jump dont les tirages s’égrainent d’année en année.
Shin Tokyo nous fait suivre le quotidien de deux frères jumeaux, Yomi et Yami Kanda. Le premier est d'un naturel plus timide, mais animé par un fort sens de la justice, tandis que le second, plus impulsif, est toujours prêt à venir en aide à son frère. Ils sont liés depuis leur naissance par une synchronicité gémellaire, ou la douleur ressentie par l'un est immédiatement vécue par l'autre. Tous deux en première année au lycée Daiba, ils assistent chaque jour au harcèlement de leur professeur principal, Monsieur Yabuuchi. Et malgré leurs interventions, les brimades reprennent systématiquement, laissant les deux frères dans un sentiment d'impuissance.
Leur quotidien bascule lors d'une excursion scolaire quand l'enseignant se suicide sous les yeux de ses élèves. Son geste a un objectif précis, TOUS les envoyer dans l'« Underground », un purgatoire où sont punis les criminels, changement d’ambiance radical pour cette sortie scolaire ! Cet enfer, que tous considéraient comme une simple légende urbaine, devient alors réalité et ils devront faire face à leurs péchés.
La mangaka utilise les codes du manga de survie en y intégrant une dimension fantastique. L'intrigue ne met pas en scène un battle royale classique entre lycéens, mais plutôt un jeu de survie dans un Tokyo alternatif. Cette formule, bien que déjà lue 100 x, est enrichie par plusieurs mystères, notamment sur la nature de ce monde parallèle, les secrets que ce purgatoire renferme, et le lien qu'entretient l'une des élèves avec cet univers, et grâce à tout cela, j’avoue que le titre a su happer ma curiosité.
Mention spéciale aux gardiens qui, en plus d'être bien violents, ont un charadesign des plus inquiétants ! Ils ajoutent une dimension folklorique supplémentaire, ce ne sont pas juste des gros monstres bien bourrin sans autres intérêts, ils représentent à chaque fois un personnage historique qu’il faudra abattre dans des conditions bien spécifiques. Ici pas de fuite possible, voilà un challenge des plus intéressants !
Cependant, ces pistes narratives seules ne suffiraient pas à soutenir le concept. L'auteur a donc l'excellente idée de structurer ce jeu de survie comme une succession de combats, parsemée de flashbacks nous en apprenant plus sur certains individus. Ce premier volume sert de mise en bouche, posant les bases du concept et de ses subtilités.
Malgré un style graphique assez détaillé plutôt agréable, je le trouve un rien trop aseptisé, surement dû au dessin créé sur tablette graphique. Dans ce premier tome, l’autrice n'hésite pas à dépeindre de véritables boucheries mais je les trouve pour le moment trop “propres”. La démarche est d'ailleurs surprenante par son expéditivité, avec des morts sanglantes et une multiplication des cadavres impressionnante, suggérant que le récit ne cherche pas à développer chaque élève de la classe.
Ne vous attachez pas trop vite aux différents personnages, ils devront faire face à leurs péchés quoiqu’il arrive !
La mangaka effectue un tri sauvage pour ne conserver qu'une poignée de personnages, choix intéressant qui lui permettra de mieux se concentrer sur les survivants afin de les développer. Seul point gênant, la maladresse de la narration qui expédie parfois les scènes de boucherie abominables en une seule petite case, ce qui m’a frustré un peu, mais laissons le bénéfice du doute à l'auteur qui était peut-être en phase d’apprentissage de mise en scène d'une œuvre aussi frénétique que sanglante, j’espère qu'elle gagnera en assurance par la suite.
Ce premier volume de Shin Tokyo constitue une lecture aussi entraînante que sanglante, bien que certains aspects soient encore à paufiner. En s'appropriant un genre largement (sur)exploité, la mangaka a réussi le tour de force de rendre ce titre intéressant, grâce à un concept bien pensé et à des mystères qui stimulent notre curiosité.
Ces bonnes basses sont heureusement confirmées dans le tome suivant, où les scènes d'action gagnent en efficacité, rendant les planches plus lisibles. Heureusement pour nous, Mangetsu a eu la bonne idée de publier simultanément le tome 2 avec ce premier tome !
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